Pétition pour une régulation sans cruauté des pigeons dans la Région de Bruxelles-Capitale
Pétition
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Pétition pour une régulation sans cruauté des pigeons dans la Région de Bruxelles-Capitale
L’ASBL Les plumes d’Ixelles et les citoyens soucieux du sort des animaux en ville demandent l’instauration dans la Région de Bruxelles-Capitale d’un système de régulation des pigeons qui tienne compte de leurs besoins alimentaires. La commune d’Ixelles devrait servir de modèle.
La gestion brutale des populations de pigeons par capture et gazage, heureusement abandonnée en 2022 dans la Région bruxelloise, et les interdictions de nourrissage n’ont jamais éradiqué leur reproduction. Il nous faut donc accepter de cohabiter paisiblement avec eux tout en évitant leur surpopulation par des méthodes douces. Si la contraception est un enjeu crucial pour réduire leur nombre, la régulation par la famine est éthiquement inacceptable.
Nous ne voulons plus voir de pigeons affamés et malades déambuler comme des âmes en peine sur les trottoirs ou envahir les terrasses des restaurants du centre-ville pour ne trouver que des détritus inadaptés à leurs besoins. Les pigeons sont sédentaires et granivores, totalement dépendants des humains pour leur alimentation.
Nous ne voulons plus voir autant de pigeons aux pattes mutilées par les nombreux fils qui traînent au sol, s’enroulent autour de leurs doigts, font garrot et coupent les chairs, provoquant des mois de souffrance sans qu’aucune aide ne leur soit apportée.
Depuis janvier 2024, la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux a cessé de recueillir les oiseaux domestiques, dont les pigeons bisets. Aucune structure adaptée ne soigne les malades et les accidentés. Les passants soucieux de leur sort sont donc obligés de laisser les pigeons en détresse dans la rue, les vouant à une mort lente et douloureuse.
Quelle solution envisager ? La contraception et un nourrissage sain
Si les pigeonniers contraceptifs n’ont jamais été installés malgré les demandes pressantes des protecteurs des pigeons depuis des décennies, il est aujourd’hui possible de placer ces volatiles sous contraception à moindre coût et à moindre effort. Cette pratique doit se généraliser.
Mais cette contraception, utilisée seule, les laisse affamés, dénutris, affaiblis et malades. Si elle s’avère efficace pour réduire leur nombre, les priver de nourriture est d’une violence extrême. Par comparaison, le programme instauré dans la commune d’Ixelles en 2021, qui associe la contraception et le nourrissage, est un modèle dont toutes les communes devraient s’inspirer.
Dans des quartiers stratégiques, Ixelles a fait placer six distributeurs automatiques de graines contraceptives. Seuls 15 % des reproducteurs dominants s’empressent à l’aube d’en avaler chacun 8 grammes, ce qui suffit à éviter une partie des naissances. Cependant, pour s’alimenter, un pigeon a besoin d’un minimum de 40 grammes de graines par jour. Ce grain est donc uniquement à visée contraceptive et ne nourrit pas les groupes. En parallèle, des bénévoles dispersent quotidiennement des graines nourrissantes sur les sites inscrits dans un plan communal de gestion. Les pigeons sont ainsi en meilleure santé et vivent plus longtemps. Si leur régulation est un peu plus lente, elle tient compte de leur droit à une existence digne.
Le constat à Ixelles : une régulation déjà estimable (moins 40 % de pigeons en 3 ans), des volatiles visiblement en bien meilleure santé que partout ailleurs et dont les fientes sont moins acides. Ils ont un plumage brillant et l’œil plus vif, ils sont moins fébriles, moins résignés aussi, et leurs échanges sont plus nombreux. Forte de ces résultats, la commune d’Ixelles devra prochainement boucler son projet avec six nouveaux sites de contraception et de nourrissage.
Tout n’est pas rose pour autant : les accidents, les maladies et la prédation n’épargnent pas les pigeons qui se font aussi chasser de leurs abris. Seuls des pigeonniers contraceptifs correctement gérés seraient à la mesure de leurs besoins fondamentaux.
Nous demandons à la Région de Bruxelles-Capitale :
• d’octroyer aux communes un subside suffisant pour l’instauration d’un système de contraception couvrant la majorité des sites répertoriés comme indispensables ;
• de promouvoir auprès des communes l’organisation d’un nourrissage adapté sur les sites choisis pour la contraception ;
• de favoriser la création d’un centre de soins spécialement dédié aux pigeons.
En contrepartie, les communes s’engageront à organiser les actions suivantes :
• la contraception des pigeons sur des sites choisis ;
• le nourrissage des pigeons sur les mêmes sites en agréant des citoyens bénévoles à cet effet :
- seul le grain est autorisé ;
- l’horaire de nourrissage va de deux heures après le lever du soleil à deux heures avant son coucher afin de laisser le temps aux pigeons d’absorber le maïs contraceptif le matin et les graines nourricières avant la tombée du jour ;
- les bénévoles s’engagent à nourrir les pigeons uniquement aux endroits fixés par le plan communal de gestion ;
- le port d’un gilet communal est obligatoire.
• l’information des habitants sur le plan de gestion communal impliquant l’arrêt du nourrissage clandestin et leur sensibilisation à la mise des déchets dans les poubelles.
Ce programme a l’avantage de calmer les tensions entre les citoyens par la promesse d’une réelle gestion associant la régulation des pigeons tout autant que leur bien-être. Le problème de surpopulation est surtout lié à la propreté du territoire. Pour le résoudre, il vaut mieux prendre en charge les groupes existants avec une alimentation saine plutôt que de les laisser survivre en se nourrissant de déchets. Lorsque les communes auront atteint une régulation suffisante, elles pourront alors envisager l’installation de pigeonniers contraceptifs. Leur nécessité est évidente : les pigeons, domestiqués depuis l’antiquité, ne se comportent pas comme des oiseaux sauvages. Et les priver d’espaces pour se loger en plaçant partout des pics et des filets contrecarre leurs besoins naturels.
Depuis le 3 juin 2024, la Constitution belge mentionne que « dans l’exercice de leurs compétences respectives, l’État fédéral, les communautés et les régions veillent à la protection et au bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles ». La société évolue et attend des pouvoirs publics une prise en compte humaine des animaux. La science démontre aujourd’hui le haut niveau d’intelligence des pigeons, leur capacité d’abstraction proche de celle des primates, la conscience de soi et même la reconnaissance des émotions humaines.
Quelques mises au point
· Les graines contraceptives sont-elles nuisibles aux autres animaux et à l’environnement ?
Certaines communes ne mettent en œuvre aucun plan de gestion, car l’usage de graines contraceptives pour pigeons n’est pas promue par Bruxelles Environnement qui préfère appliquer le principe de précaution, estimant que « l’utilisation du médicament contraceptif R12 sous forme de graines contenant la molécule nicarbazine et distribuées à grande échelle fait l’objet de discussions en raison du manque de recul en matière d’effets néfastes potentiels sur l’environnement, la santé humaine (pour ceux qui manipulent les produits et les personnes à proximité) et d’autres espèces qui pourraient se nourrir de ces graines par erreur. En outre, il s’agit d’une méthode non sélective coûteuse devant être supervisée par un vétérinaire, et dont les effets en termes de diminution ne sont pas garantis en cas d’arrêt de distribution des graines contraceptives. »
Or, il n’y a aucune incidence sur les autres espèces. Le produit est distribué en quantité minime à l’aube et est immédiatement avalé par les pigeons dominants fidélisés aux sites. Aucun grand oiseau n’y est observé et le grain est trop gros pour les petits becs. En outre, la molécule n’est pas stockée dans l’organisme des pigeons, ce qui empêche tout impact sur leurs prédateurs. Le médicament est sous contrôle vétérinaire et est d’ailleurs utilisé dans les élevages pour prévenir la coccidiose intestinale chez les volailles.
À défaut de graines alimentaires, les pigeons tombent souvent malades, ont des fientes liquides et contaminent les autres. Personne ne s’alerte pourtant de la nécessité d’un suivi vétérinaire. Au contraire, puisqu’ils sont aujourd’hui interdits de soin dans les centres de revalidation des espèces animales vivant à l’état sauvage (CREAVES).
Après une première régulation, la meilleure solution serait de les regrouper dans quelques pigeonniers, ce qui permettrait de mieux surveiller leur état de santé et de stopper les frais de contraception en remplaçant leurs œufs par des œufs factices. C’est peu envisageable actuellement pour autant de groupes dispersés partout dans chaque commune.
· Les pigeons sont-ils plus nombreux sur les sites de gestion ?
Sédentaires, les pigeons ne se déplacent que sur un territoire limité. Si nous en constatons un plus grand nombre sur les sites peu après le début de leur prise en charge, c’est parce que ceux des alentours proches viennent s’y nourrir. Puis leur nombre diminue progressivement.
· Faudra-t-il s’occuper d’eux à vie ?
Oui. On accepte de gérer à vie des chats errants, des chiens et autres nouveaux animaux de compagnie finissant en refuge à prix tout aussi élevé. Les pigeons sont issus d’une espèce rendue domestique et errante, dépendante à vie. Mais leur gestion douce est bénéfique tant pour les pigeons que pour les personnes qui s’en soucient et pour celles qui veulent en voir moins.
Cessons de déclarer les pigeons autonomes pour justifier l’interdiction de les nourrir. C’est faux : ils sont granivores et pas omnivores. Arrêtons aussi de verbaliser les nourrisseurs qui distribuent des graines dans les endroits où les pigeons se rassemblent de longue date. Et assumons la présence de ce volatile qui a été soustrait à son milieu naturel, utilisé et imprégné par les humains sans retour possible. En l’absence de toute gestion, reconnaissons le mal éthiquement inacceptable qu’on leur fait volontairement.
NB : À la demande de la pétitionnaire, le texte initial a été remplacé le 18 octobre 2024.
Cette pétition a reçu une réponse:
Suite donnée à la pétition :
Ouverture à la signature
Cette pétition a été déclarée recevable le 25 septembre 2024 et publiée le 27 septembre 2024 sur la plateforme democratie.brussels.
Si elle recueille le soutien de plus de 1.000 personnes résidant en Région de Bruxelles-Capitale et âgées d'au moins 16 ans, les pétitionnaires seront auditionnés par la commission de l’Environnement et de l’Énergie.
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